Congrès Mondial des Études sur le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord

Barcelone, du 19 au 24 Juillet 2010

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Soufisme et Politique au Pakistan - NOT_DEFINED activity_field_Cultural Activity
 

· NOT_DEFINED institution: IREMAM (France)

· NOT_DEFINED organizer: Alix Philippon

· NOT_DEFINED language: English & Français

· NOT_DEFINED description: Cette exposition présente des photographies prises pendant un travail de terrain mené au Pakistan de 2005 à 2009. Le postulat central de ce travail est que la «question soufie» projette un éclairage focal sur les dynamiques politiques au Pakistan, Etat créé en 1947 au nom de l’islam pour rassembler les musulmans de l’ex-Empire des Indes. Dans sa tentative d’instrumentaliser la référence religieuse au service de la construction d’un Etat moderne, le Pakistan a donc, bien avant la révolution iranienne de 1979, fait figure de paradigme du «revivalisme islamique». Il est un laboratoire politique prouvant de manière particulièrement éloquente qu’il n’existe pas une «essence islamique» menant à une interprétation unique du dogme et qui ferait office de variable indépendante déterminant la nature des débats politiques ou la forme de l’Etat. La référence religieuse, de par son monopole symbolique, y joue le rôle de ressource idéologique «naturelle» depuis l’Etat ou contre lui, et opère comme discours nationaliste. Dans le combat idéologique et politique autour de la place de l’islam dans l’Etat et la société pakistanaise, le soufisme a joué un rôle complexe et contradictoire mais toujours central. Il a en effet été au cœur des débats sur l’identité et les modalités de constitution de la communauté politique pakistanaise et, avant elle, de la communauté musulmane du sous-continent.

Répertoire majeur du langage islamique au Pakistan, le soufisme est en effet un signifiant convoité et ambigu dont la définition est l’enjeu d’une politisation, c’est-à-dire l’objet de luttes entre divers acteurs, étatiques et non étatiques. Plusieurs thèmes distincts mais reliés ont donc été documentés : le culte des saints, toujours bien vivant au Pakistan ; la nationalisation des sanctuaires par un Etat désireux de contrôler les institutions soufies et de modérer l’influence de leurs leaders «traditionnels»; l’instrumentalisation de la référence soufie par les gouvernements successifs ; mais aussi et surtout les acteurs soufis eux-mêmes, qui sont souvent des politiciens influents qui bénéficient de l’allégeance de leurs disciples jusque dans l’arène électorale. Les confréries ont également pu s’engager dans l’activisme en revendiquant l’identité soufie comme registre de mobilisation islamiste. Ces dynamiques enchevêtrées ont ainsi pu générer des phénomènes de violence (symbolique et/ou armée) entre l’Etat et la société tout autant qu’entre groupes sectaires rivaux. Les identités religieuses se sont radicalisées et avec elles, les modes d’action au sein d’un espace politique saturé de conflits.