Congrès Mondial des Études sur le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord

Barcelone, du 19 au 24 Juillet 2010

 < NOT_DEFINED backto RÉSUMÉ DES PANELS

REHABILITATION ET REVITALISATION DES CENTRES HISTORIQUES MEDITERRANEENS - 4/7: Potentialités du patrimoine culturel en termes de développement local durable (110) - NOT_DEFINED activity_field_Panel
 

· NOT_DEFINED institution: Association RehabiMed (Spain)

· NOT_DEFINED organizer: Xavier Casanovas

· NOT_DEFINED sponsor: Association RehabiMed (Spain)

· NOT_DEFINED language: Français

· NOT_DEFINED description: RehabiMed organise un espace pour l’échange d’expériences sur l’intervention dans les centres historiques pour débattre entre experts de la situation et des solutions de réhabilitation intégrée et pour la réflexion des élus qui veulent impulser un processus de récupération des centres historiques.
Malgré sa grande valeur culturelle et identitaire, le patrimoine méditerranéen n’est pas le plus souvent reconnu par les autorités politiques et la population, alors qu’il peut représenter un grand potentiel en termes de développement économique et social. Nous avons pu constater l’état d’abandon dans lequel il se trouve, et le risque d’une perte irrémédiable d’une partie du patrimoine culturel du bassin si rien n’est fait pour le préserver. Heureusement, il existe dorénavant au niveau international de nombreux experts et des élus sensibilisés à cette problématique qui travaillent actuellement à la valorisation et la préservation de l’architecture traditionnelle dans une vision globale du développement local. Ce panel a pour objet de capitaliser la connaissance en matière de réhabilitation intégrée et de revitalisation des centres historiques méditerranéens par l’échange d’expériences entre les experts et les élus.
Pour impulser la réhabilitation intégrée et l’échange d’expériences menées dans les centres historiques, RehabiMed propose de débattre dans ce panel sur les potentialités du patrimoine culturel en termes de développement local durable.

Chair: René Guérin (Ecole d’Avignon, France)

Paper presenter: René Guérin (Ecole d’Avignon, France), «Evaluation de la réhabilitation urbaine. Analyse des résultats, des impacts et de la durabilité de la démarche»
L’évaluation d’une opération de réhabilitation urbaine s’établit à travers des bilans intermédiaires tout au long de son déroulement, à travers un bilan final au terme de sa réalisation ; ces bilans nécessitent une analyse d’indicateurs d’impact à long terme, ainsi qu’une analyse de la durabilité de la démarche, indispensable à sa modélisation éventuelle.
Il est indispensable de ne pas attendre le terme de l’opération de réhabilitation, quelque soit sa durée, pour procéder à son évaluation. Des bilans intermédiaires (annuels ou biennaux) s’imposent, afin de confronter les résultats atteints avec les résultats attendus, mais aussi pour confirmer ou réviser certains objectifs, quand l’impact des actions n’a pas été correctement évalué, quand des évènements imprévus se sont produits, ou quand les actions engagées ne répondent plus aux attentes.
Il s’agit au préalable de déterminer des indicateurs pertinents : indicateurs territoriaux et urbains, sociaux, économiques, culturels et environnementaux.
La réhabilitation urbaine doit s’inscrire dans une démarche compatible avec les trois fondements du développement durable : équité sociale, efficacité économique, respect de l’environnement.
Le niveau de cohésion sociale du quartier réhabilité pourrait être évalué à travers l’analyse des disparités de ressources, de niveau de formation, de niveau socioprofessionnel, tant au sein du quartier, qu’entre le quartier et le reste de la ville.
Si des moyens financiers publics sont nécessaires à la mise en œuvre de l’opération de réhabilitation urbaine, les acteurs économiques doivent acquérir leur autonomie à moyen terme, afin de garantir le maintien ou le développement de l’activité et de l’emploi dans le quartier, dans un contexte d’économie de marché.
Il s’agit d’évaluer l’empreinte écologique de l’activité résidentielle et économique du quartier réhabilité, à partir d’indicateurs sur la consommation ou les déplacements motorisés. Si les quartiers anciens n’ont pas, à priori, vocation à offrir des ressources naturelles, ils peuvent néanmoins être des lieux de production d’énergie renouvelable (éoliennes, capteurs solaires), de recyclage de l’eau ou de qualité bioclimatique de l’habitat (morphologie du bâti, végétation urbaine).

Paper presenter: Salima Naji (Université de CAEN, France), «Approche sociale pour la revitalisation durable et respectueuse de l'environnement»
Situé à 90 km au sud d’Agadir, Tiznit au Maroc est une ville de 75 000 habitants. Le Sultan alaouite Hassan 1er, fondit en en 1882, dans la seule entité de remparts neufs un ensemble de bourgs plus anciens. Une enceinte pentagonale au tracé irrégulier de murs bastionnés, de près de plus de six kilomètre a été classée en 1933 par le pouvoir colonial, ce qui lui a permis de conserver son cachet de ville historique. Depuis peu, la mise en valeur des monuments fondateurs (Jamaa Lbir, Kasbah Aghenaj, Ain Zerka) et de ses abords par les autorités de la ville de Tiznit en concertation avec les associations de quartiers, a rendu légitime la mise en valeur du patrimoine dans une approche participative respectueuse autant des habitants que de l’histoire des lieux.
Les premières restaurations se sont accompagnées de journées de sensibilisation. La mise au point d’un enduit de chaux-terre qui a permis de rendre visible la qualité des premières restaurations, l’idée de pouvoir conserver les formes anciennes, voire les restituer, a pris forme dans les esprits, n’impliquant plus, comme naguère la rénovation brutale (islah) qui, la plupart du temps dans le pays, faisait table-rase des formes anciennes et des procédés locaux, en reconstruisant en dur (béton armé) sur l’ancien site détruit, un nouveau bâtiment.
Mais ce projet intègre surtout la mise en valeur de l’oliveraie historique et la palmeraie (Targa), traitée désormais comme une extension de la zone protégée des remparts de la médina. Ceci implique la création de servitudes d’utilité publique paysagère tout en réutilisant pour l’arrosage les eaux traitées de la ville : une station a été achevée en 2006, sa mise en fonctionnement est prise en charge par des coopératives ou des groupements d’intérêt économique visant la création de labels spécifiques.

Paper presenter: Karima Messaoudi (Aménagement du territoire et Urbanisme
Université du 20 Août 1955 Skikda, Algérie), «Le patrimoine rural comme outil du développement local et durable »
Chaque lieu énonce par ce qu’il est, profère par milles signes, une physionomie et un esprit édifiés, génération après génération, par la collectivité des populations qui l’habitent. Le développement local, même considéré dans sa dimension économique, est d’abord affaire d’acteurs, et surtout d’acteurs locaux. Elus et fonctionnaires, travailleurs, cadres et dirigeants sont membres d’une communauté de vie et de culture dont ils partagent, même lorsqu’ils ne sont que récemment arrivés ou qu’ils ne sont que saisonniers, le patrimoine culturel humain et naturel.
Nous nous intéresserons dans cette communication au patrimoine rural qui peut aussi être un cadre pour le développement local et durable. En effet, un territoire est le produit de toute une histoire naturelle et humaine, et les conditions du développement, en particulier les conflits qui l’agiteront, découleront de cette histoire. Tout territoire déterminé sans respect pour ses composantes patrimoniales ne pourra servir de base à un développement local équilibré et durable.
Croisant expériences du terrain et analyses plus théoriques nous souhaitons apporter une expérience de réhabilitation du vieux bâti rural. L’exemple est la ferme pilote qui faisait partie de l’ensemble de l’école régionale d’agriculture de la ville de Skikda, construite en 1900. Cette ferme a fait l’objet d’une opération de réhabilitation et de reconversion de ses locaux. Les anciens corps de bâtiments agricoles ont recouvré une nouvelle identité et laissent place aujourd’hui à une structure pédagogique de 1300 places. Par cette illustration nous voulons montrer que le développement ne peut se faire sans la participation effective, active et consciente, de la communauté qui détient ce patrimoine.

Paper presenter: Mouhieddine Kherouatou (Université Mentouri Constantine, Algérie), «De l’Erratum des politiques urbaines à une nouvelle démarche de conservation intégrée du centre urbain historique de Constantine»
L’état de dégradation du tissu urbain de la vieille ville s’est accentué durant la deuxième moitié du 20eme siècle, ceci en conséquence à des politiques urbaines différentes et souvent contradictoires. Plusieurs projets ont été lancés pour appuyer les différentes causes. Ainsi on avait d’un côté les passéistes nostalgiques à l’image de la ville d’autre fois, proclamant la restauration du tissu traditionnel, et de l’autre, ceux qui se disaient « modernistes » et voulaient pratiquer la politique de la table rase, sur une ville dont les représentations sociales et les valeurs architecturales leurs étaient totalement indifférent et sans aucun sens, occupant à tort un terrain foncier d’une grande importance. Tous les projets lancés étaient mort-né, aucun n’a vue le jour, le site de la vieille ville devenait patrimoniale dans les esprits, et territoire marginalisé de toute opération d’urbanisme dans la réalité, un devenir incertain se traçait pour un legs pris en otage par sa propre réputation.
N’avons-nous pas proscrit le mauvais traitement à ce patient? Ceci n’explique t-il pas l’échec?
La sauvegarde de la vieille ville de Constantine mythe ou réalité? Si réalité quelle autre alternative se présente à nous? Quelle piste de recherche avons-nous omis? Quelle démarche de conservation intégrée? Pour mieux nous positionner, Nous devrions faire pat arrière et jeter un œil sur le passé de cette ville, une histoire urbaine riche en expériences et en leçons.

Paper presenter: Samia Benabbas Kaghouche (), «De Patrimonialisation au renouvellement urbain au Maghreb, Pour quel développement durable et quelles Perspectives?»
Construire la ville sur la ville, revitaliser les friches urbaines, rénover les quartiers historiques en déclin économique et culturel sont des projets politiques qui s’imposent aujourd’hui dans un nombre croissant de villes au Maghreb. Cette politique d’aménagement engage nécessairement une double réflexion : à la fois sur la préservation du tissu urbain existant, la dimension patrimoniale et sur la destruction de l’existant au profit de nouveaux aménagements architecturaux et urbanistiques, la dimension du renouvellement.
La question des interventions de renouvellement urbain se pose surtout dans les territoires urbains qui ne font plus l’objet d’une utilisation valorisante (marginalisation, exclusion, régulation, mais aussi déprise, dévalorisation, voire abandon). C’est justement face au problème de la (ré)mise en valeur que la question du rôle du patrimoine dans les processus de renouvellement urbain se pose. Le patrimoine peut en effet être perçu comme un handicap entravant les volontés et contraignant les pratiques du renouvellement urbain.
A l’inverse, il peut également être appréhendé et utilisé comme un levier d’évolution, un outil opérationnel au service de la revalorisation urbaine de certaines zones.
Face aux contraintes de la globalisation et de l’internationalisation, comment concilier les intérêts privés liés à la rentabilité économique qui peut être induite par des opérations au niveau du patrimoine et l’intérêt public de la préservation de l’identité urbaine ? Comment les initiateurs d’un projet urbain peuvent-ils gérer les tensions entre, d’une part la volonté de développement du territoire et de reconquête économique et d’autre part la nécessité de protéger et de mettre en valeur un patrimoine potentiellement porteur de l’image de marque de la ville ?

Paper presenter: Xavier Casanovas (Col•legi d’Aparelladors, Arquitectes tècnics i Enginyers d’Edificació de Barcelona, Espagne), “Le projet Montada: la promotion du patrimoine architectural méditerranéen comme facteur de développement local durable”
L’architecture traditionnelle fait partie du patrimoine culturel collectif méditerranéen et représente un patrimoine vivant, riche, divers et habité. Elle est cependant trop souvent laissée à l’abandon et est aujourd’hui en grave danger de disparition. L’adaptation à la vie contemporaine de l’habitat traditionnel est donc l’un des enjeux majeurs pour protéger ce patrimoine, pour sauvegarder et revitaliser les centres historiques des villes et pour améliorer le cadre de vie de la population méditerranéenne. La sagesse, l’intelligence et le savoir faire que cette architecture contient, nous montrent sa valeur culturelle, sociale, économique et environnementale. La question de la perte irrémédiable de ce patrimoine est aujourd’hui clairement posée. Au delà des interventions purement formelles et technicistes, son appropriation par les populations est maintenant primordiale. Il est ainsi urgent d’entreprendre des actions pratiques et multisectorielles qui permettront d’orienter et de guider les décideurs, les agents sociaux et la population sur l’avenir de leur architecture traditionnelle.
L’état actuel du patrimoine bâti traditionnel dans les pays du sud de la Méditerranée nécessite aujourd’hui un véritable plan de sauvetage, qui permette de mettre en place une stratégie d’intervention réaliste sur ce bâti et une solide politique de réhabilitation. Aujourd’hui la réhabilitation de ce patrimoine architectural est un sujet délaissé, les plans pour sa protection et mise à jour sont infimes et les populations n’ont pas conscience de son potentiel culturel, économique, social et environnemental. En effet, on constate que l’intervention sur le bâti existant est inférieur à 10% de l’activité des entreprises du bâtiment dans les pays du Sud, alors qu’elle est de près du 50% dans les pays européens. Il ne s’agit donc pas seulement de susciter une demande publique et privée autour de la réhabilitation, mais aussi de s’assurer d’obtenir une réponse de qualité du milieu professionnel, des entreprises face à cette demande.
L’action du projet Montada (actuellement financée par l’Union Européenne dans le cadre du programme Euromed Heritage IV) s’est donc développée à partir de cette réflexion, enracinée à la réalité culturelle et sociale de chaque endroit, le projet a pour but de développer un nouveau cadre de gouvernance à l’échelle locale, en favorisant la participation et dialogue constant avec la population, cette dernière étant considérée comme une force de proposition sur les décisions de l’avenir du patrimoine bâti. Pour cela, le projet Montada met en place des activités adaptées à la population et aux différents agents locaux, afin que tous prennent conscience de l’importance de leur architecture traditionnelle et participent activement et pleinement à sa conservation avec des activités de sensibilisation, de mise en valeur du patrimoine, de formation et de rencontre et d’échange d’expérience pour une prise de conscience de la valeur unique de leur habitat traditionnel, de la nécessité de le conserver et de le promouvoir.