Congrès Mondial des Études sur le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord

Barcelone du 19 au 24 Juillet 2010

 < NOT_DEFINED backto RÉSUMÉ DES PANELS

L’OUEST SAHARIEN ET SES (MAUVAISES) MEMOIRES: FRONTIERES, RESISTANCES ET PROJETS POSTCOLONIAUX - 1/2: De la résistance et de la représentation (420) - NOT_DEFINED activity_field_Panel
 

· NOT_DEFINED institution: Université François Rabelais-Tours / Universitat de Barcelona

· NOT_DEFINED organizer: Dr. Francesco Correale / Dr. Alberto López Bargados

· NOT_DEFINED language: Français

· NOT_DEFINED description: Le vingtième siècle a été le théâtre de grands bouleversements et a laissé des fractures qui se sont répercutées aussi sur l’Ouest saharien. Convoitées par un double projet colonial français et espagnol, les populations de la région ouest-saharienne ont dû s’adapter aux convulsions provoquées par les métropoles européennes qui pendant la période coloniale imposèrent, par leurs propres instruments d’action politique, une gestion du territoire ciblé sur l’établissement des frontières et la soumission de leurs habitants.

Les conséquences de ce processus peuvent s’apprécier, aujourd’hui, au vu de la remise en question des frontières qui divisent les Etats issus de la décolonisation, dont l’exemple par excellence est notamment la question du Sahara occidental. Ces conséquences se perçoivent également dans les laborieux processus de reconstruction de l’histoire de la région à travers les récits des anciens colonisés et colonisateurs. Leurs mémoires font l’objet de « trous » et de manipulations pour plusieurs raisons : de l’amnésie de liens historiques pouvant donner lieu à des débats gênants sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, à la violence exercée par les colonisateurs européens ; de l’accommodation de la situation coloniale par les populations sahariennes, à la représentation de liens entre colonisés et colonisateurs qui se structurent là où ils étaient absents ou bien plus complexes de ceux actuellement évoqués.

Ce panel entend donc réfléchir sur les différentes stratégies utilisées pour la reconstruction de l’histoire et de la mémoire des populations qui habitent l’Ouest saharien et sur le rôle des passés colonial et postcolonial dans cette reconstruction, ainsi que sur l’usage de la mémoire dans la reproduction des rapports de dépendance entre les anciennes colonies et leurs ex-métropoles.


Présidents: Dr. Francesco Correale (Université François Rabelais-Tours) / Dr. Alberto López Bargados (Université François Rabelais-Tours / Universitat de Barcelona)

Modératrice: Dra. Sophie Caratini (Directrice de recherche CNRS-Université François Rabelais-Tours)

Présentatrice: Dra. Laurence Marfaing (German Institute for Global and Area Studies - Hambourg)«On était près du soleil …». Employés de l’administration coloniale en Mauritanie: réécriture du passé

Entre l’autorité coloniale et les populations locales, les employés de l’administration coloniale française pensaient, du fait de leur position au sein de l’appareil et des études qu’ils avaient faites, être dans la modernité et le cours de l’histoire. Leur situation et leur pouvoir engendraient cependant des cas de conscience par rapport à leur propre culture, leur société et les leurs, leurs habitudes et leur religion. Menant souvent des vies parallèles entre leur lutte pour l’indépendance et leur travail au sein de l’administration, ils cherchaient eux-mêmes leurs propres logiques.
Ecartelés entre leur loyauté envers l’administration coloniale, la peur qu’ils en avaient et les dangers réels qu’ils encouraient ; entre référents identitaires, résistance face à l’occupant; entre le fait « qu’il fallait bien travailler » et les doutes qui les assaillent par rapport au fait d’avoir éventuellement « raté leur indépendance », les employés de l’administration colonial réécrivent leur biographie.
A la lumière des regards posés sur eux aujourd’hui et de l’évolution des situations politiques actuelles, ils repensent leur histoire, réinterprétant certains évènements, en occultant d’autres, légitimant ou remettant en question selon les interlocuteurs leurs choix, leurs actes ou leurs convictions, oscillant entre résistance, accommodation et collaboration.

Presentateur: Dr. Eloy Martín Corrales (Universitat Pompeu Fabra – Barcelone), “Le regard cinématographique de l’Espagne sur le Sahara espagnol »

En réalité, au delà de quelque documentaires et de quelques allusions à la thématique saharienne, la cinématographie espagnole n’a porté son attention à la colonie du Sahara qu’après la fin de la Guerre Civile et la consolidation de la dictature franquiste. Le NODO et les films d’inspiration coloniale (notamment La llamada de Africa) essayèrent de présenter les aspects positifs de la colonisation espagnole dans la zone. La décolonisation frustrée et incomplète du territoire, comportant des affrontements entre l’armée marocaine et les troupes du Front Polisario, favorisa un élargissement des points de vue par lesquels le thème saharien fut traité : de la satire acide (La Marcha Verde) jusqu’à la filmographie militante pro-sahraouie ( Los baúles del retorno / Els baguls del retorn). Cette communication prétend revisiter cette filmographie dans le but d’analyser la représentation qu’elle donna de l’expérience coloniale, de la décolonisation incomplète et du conflit postérieur.


Présentateurs: Dr. Jair Landa Perrez / Dra. Claudia Barona (Tecnológico de Monterrey -México), “Du silence à la parole: une approximation à la mémoire de l’occupation »

L’histoire du Sahara occidentale a été étudiée comme une partie de l’historiographie espagnole, française et récemment de l’Amérique latine. Cependant, la voix même du peuple sahraoui fait défaut, ce qui est dû à de nombreuses raisons, dont la dispersion causée par l’exile et la guerre constitue sans doute l’une des plus importantes.

Notre recherche essaie de combler ce vide et d’intégrer dans l’ «histoire euro-centrique » du Sahara anciennement espagnol la vision que les Sahraouis ont de leur propre histoire. En particulier, elle porte sur les difficultés et les contradictions que les Sahraouis affirment avoir rencontrées dans le passage de la société bédouine à l’Etat moderne, ce qui constitue aussi un paradoxe pourvu que leur territoire est encore aujourd’hui soumis à une procédure de décolonisation guidées officiellement par les Nations Unies.

L’objectif de la recherche est donc de faire ressortir l’importance de la « sagesse populaire » par le biais du rappel de la mémoire ainsi comme elle est ressentie par les populations sahraouies.

Finalement, l’étude se base dans l’analyse des us et coutumes dans le contexte de la transmission orale du savoir, ce qui comporte également une mise en valeur de la « parole ». Nous nous référons à la parole non pas comme à l’unité du discours, mais comme à un symbole verbal qui ouvre la fenêtre de la cosmovision, l’être et l’agir de la « culture sahraouie » étant profondément différente de la culture écrite dominante dans la tradition européenne.