Congrès Mondial des Études sur le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord

Barcelone du 19 au 24 Juillet 2010

 < NOT_DEFINED backto RÉSUMÉ DES PANELS

VERS UNE HISTORIOGRAPHIE POST-MODERNISTE DU MAGHREB? -1/2: Quelques usages de l'archive coloniale pour l'histoire de l'Afrique du Nord (428) - NOT_DEFINED activity_field_Panel
 

· NOT_DEFINED institution: Centre d'histoire sociale de l'Islam méditerranéen - EHESS (France)

· NOT_DEFINED organizer: Alain Messaoudi

· NOT_DEFINED language: English/Français

· NOT_DEFINED description: L’histoire coloniale a été souvent l'objet de lectures binaires opposant civilisés et barbares, colonisateurs et colonisés, collaborateurs et résistants. Cette approche s’inscrivait dans une « narration » historiographique, colonialiste déjà, nationaliste ensuite. Plus récemment, l’historiographie postcolonialiste, et notamment les Subaltern Studies ont privilégié, dans l’analyse des rapports de pouvoir, les concepts d’hégémonie et de subalternité. Pourtant: sous l’influence du déconstructivisme et du poststructuralisme: la perspective « subalterniste » ne s’appuie pas sur des identités figées, sur des « essences », mais s’ouvre à une reconstruction plus articulée. Parallèlement, pour une meilleure compréhension de la période coloniale, un regard rapproché a été valorisé, attentif à la complexité des rapports sociaux. Sans gommer les violences et les déséquilibres qui ont caractérisé la situation coloniale, une démarche micro-historique, plus soucieuse des nuances, a permis de restituer des plurivocités et de révéler des ambiguïtés. La remise en question des théories totalisantes et des catégories essentialistes a toutefois laissé un vide dans l’interprétation des faits historiques. L’attention accordée à des singularités irréductibles ou bien « la prise en charge d’aspérités du réel » (Arlette Farge, Le goût de l’archive, Éditions du Seuil, Paris 1989) se profilent-elles comme de nouveaux paradigmes historiographiques? Les ouvres d’histoire globale seraient-elles par conséquent destinées à disparaître? Reprenant les suggestions de Daniel Rivet (Le Maghreb à l’épreuve de la colonisation, Hachette, Paris 2002), l'atelier propose de mettre à l'épreuve des modèles interprétatifs généraux ou globaux en confrontant les résultats de travaux portant sur des « moments » circonscrits de l’histoire coloniale du Maghreb et puisant à différents types de sources (archives des Etats ou des congrégations religieuses, ouvres littéraires, etc.).

Chair: Federico Cresti, CoSMICA - Université de Catane

Discussant: Francesca Biancani, London School of Economics and Political Science

Paper presenter: Barbara Airò, Université de Pavie, Les manuels d’arabe à l’époque coloniale : une source pour l’histoire du colonialisme italien en Libye
Parmi les nombreuses publications sur la langue arabe qui virent le jour au lendemain de l’entreprise de Libye, les manuels, les grammaires et les dictionnaires d’arabe parlé ont une place très importante. Entre les années 1911 et 1914 on compte au moins 20 publications pour l’enseignement de l’arabe parlé, dont 16 présentent d’une façon explicite dans le titre les mots « Libye », « Tripolitaine » ou « Cyrénaïque ». Le lien entre leur parution et le début de la colonisation italienne de la Libye est donc évident. La production de manuels d’arabe, y compris de grammaires d’arabe littéraire, marque toute la période coloniale jusqu’aux années 1940. Quelle signification historique donner à ces publications ? Dans quelle mesure sont-ils le reflet et le soutien du discours colonial ? Pour répondre à ces questions, on a analysé un corpus de textes extraits de manuels et grammaires d’arabe littéraire, vulgaire ou dialectal publiés entre 1911 et les années 1940. On y a repéré non seulement des indications sur la vie des populations (usages, rituels, comportements sociaux) mais aussi des éléments utiles pour reconstruire un tableau de la société coloniale. Par leur lexique et leurs dialogues, ces manuels proposent des modèles de communication et des situations communicatives qui peuvent aider à faire comprendre la nature des rapports entre colons italiens et colonisés libyens et l’idéologie sur laquelle ils ont reposé. L’étude spécifique de la langue arabe enseignée aux Italiens pendant la période coloniale permet de repérer des éléments du discours colonial transmis, de dégager différentes phases dans la colonisation italienne, et ouvre la possibilité de comparaisons avec l’expérience coloniale française.

Paper presenter: Kmar Bendana, Université de La Manouba, Tunis, Pour un retour sur les archives de la presse pendant la période coloniale.
L’histoire de la presse en Tunisie est restée jusqu’à aujourd’hui étroitement liée à l’étude des principaux organes du mouvement nationaliste. Si les effets de l’innovation technique qu’a représentés l’imprimerie ont été analysés pour le XIXe siècle en Tunisie, les mutations des métiers de la presse et de l’imprimerie n’ont pas fait l’objet d’études pour le XXe siècle. Or, la banalisation de la consommation de l’imprimé est révélatrice de transformations sociales et économiques profondes. Les archives de l’administration coloniale ont été le plus souvent utilisées pour retracer le travail de la censure et analyser les modalités du contrôle par les autorités françaises. Nous nous proposons d’étudier cette documentation avec un point de vue différent, de façon à faire l’histoire des métiers nouveaux de la presse et de l’imprimerie. Elle permet de révéler le développement de nouvelles pratiques sociales auxquelles coloniaux et colonisés prennent part, dans des rapports qui ne sont pas toujours de simple domination.

Paper presenter: Claire Fredj, Université de Paris-Ouest Nanterre, Enseigner la médecine aux indigènes dans l''Algérie coloniale (1840-1939)
Ma communication portera sur la manière dont un enseignement médical pour les indigènes est pensé par les Français à partir de 1840 en Algérie dans le cadre d’une future école de médecine, comment il est prévu pour les hommes (médecin, officiers de santé) et les femmes (sages-femmes, infirmières) et comme il se met progressivement en place, avec un décalage entre ambitions affichées et moyens dévolus qui expliquent en partie la faiblesse des effectifs concernés jusqu’aux années 1930. La manière dont les indigènes eux-mêmes perçoivent et utilisent cette institution, du moins la manière dont cet usage est perçu par les sources françaises sera un moyen d’aborder la question de l’agency dans le monde colonial français.

Paper presenter: Alain Messaoudi, École des hautes études en sciences sociales, Paris, Donner à entendre, refuser à la vue
Les « indigènes » et la production de savoirs linguistiques et de représentations graphiques en Algérie (1830-1914) Comment les « indigènes » ont-ils montré, transmis, fait comprendre aux occupants étrangers les textes, les usages et les valeurs de leur société? Quand ont-ils pris soin au contraire de les dérober à leur vue et à leur intellect? L’analyse d’archives imprimées et manuscrites permet de documenter quelques exemples de participation « indigène » à la constitution de savoirs ensuite diffusés en Europe. La contribution indigène à l’iconographie de l’Algérie est plus difficile à établir et l’investissement de ce mode d’expression plus tardif.