World Congress for Middle Eastern Studies

Barcelona, July 19th - 24th 2010

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Le Sahara Atlantique-Fragments d'Histoire d'un Espace de Contacts (489) - NOT_DEFINED activity_field_Panel
 

· NOT_DEFINED date: FRI 23, 2.30 pm- 4.30 pm

· NOT_DEFINED institution: Laboratoire d'Etudes et de Recherches historiques, Université de Nouakchott (Mauritanie)

· NOT_DEFINED organizer: Elemine Ould Mohamed Baba

· NOT_DEFINED language: Français

· NOT_DEFINED description: L’image prégnante qu’on voudrait donner du passé du peuplement de la Mauritanie est celle d’une humanité, tournant le dos à la mer, confinée dans l’aridité du désert, et en subissant les rigueurs. Or, nous disposons depuis les temps préhistoriques de témoignages sur la présence, sur la côte mauritanienne, de groupes humains exploitant les ressources marines et s’adonnant aux échanges aussi bien avec l’hinterland qu’avec le monde extérieur. Les écrits du XIème au XVIème siècle, notamment, révèlent une surprenante continuité de ce mode de vie et de cette présence. La pérennité de l’établissement de ces cultures soulève un certain nombre de questions relatives en particulier à l’évolution interne de ces groupes, à leurs rapports avec le monde pastoral et avec le couloir de pénétration qui a commandé le peuplement d’un Sud-Ouest saharien représentatif de la constitution sociale et ethnique de l’ensemble mauritanien. C’est aussi par l’intermédiaire du peuplement de la côte que se font les premiers contacts avec l’extérieur qui, d’anecdotiques au début de l’islamisation, s’intensifient à partir de l’arrivée de navigateurs portugais au XVème siècle. Avec l'intérêt de plus en plus affiché par les Européens pour le commerce de la gomme et l’approvisionnement en esclaves, la côte mauritanienne, et l’île d’Arguin en particulier, deviennent un enjeu de taille et une zone de concurrence entre les différentes puissances européennes impliquées dans une course à la domination du monde. La double volonté d’une mainmise sur cette côte et d'une relation ''exclusive'' avec les Maures Trarza, qui contrôlent la vente de ces précieuses « ressources », met ainsi aux prises Ibériques, Hollandais, Allemands, Anglais et Français, pendant près de quatre siècles et explique pourquoi et comment la côte passait régulièrement d'une main à une autre, avant que la France n'en prenne durablement le contrôle. Parallèlement à cet intérêt extérieur, cette portion de côte est l’enjeu d’efforts d’appropriation et de contrôle de la part de tribus maures, relevant tant de l’ordre des « guerriers » que de celui des « religieux ». Quand certains tentent de monopoliser l’attention des commerçants européens, d’autres privilégient le contrôle des moyens de mise en valeur de l’espace littoral, tant par l’affectation de familles de dépendants à l’activité de pêche, que par la réalisation de points d’eau le long d’une côte qui se caractérise justement par leur extrême rareté. Ce panel propose une réflexion sur les modalités selon lesquelles ces acteurs « intérieurs » et « extérieurs » ont tenté de contrôler cette côte et certaines de ses ressources les plus précieuses, depuis les premiers établissements d’Européens, sur la façon dont ces stratégies ont pu se nourrir mutuellement et donner lieu à des collaborations ou à des tractations, et enfin sur la mémoire qui est aujourd’hui gardée et « réécrite », notamment par certaines populations littorales, de cette histoire partagée de la rive atlantique du Sahara. Cette réflexion sera menée à travers 4 communications :

Chair : Elemine Ould Mohamed Baba, Laboratoire d'Etudes et de Recherches historiques, Université de Nouakchott

Paper presenter: Mohamed Saïd Ould Ahmedou, Laboratoire d'Etudes et de Recherches historiques, Université de Nouakchott, « Le littoral mauritanien: interface entre Trarza et puissances européennes »
L’Emirat maure du Trarza, du fait de son influence sur une partie de la côte atlantique et du bas fleuve Sénégal, fut l’interlocuteur principal des Européens abordant le littoral. Cet Emirat jouera ainsi un grand rôle dans les échanges commerciaux et demeurera au centre des luttes que se livreront les puissances européennes pour dominer le littoral, entre les XVIIème et XIXème siècles notamment. Ces luttes auront des conséquences importantes sur l’activité mercantile mais aussi sur le statut de l’Emirat et sur son évolution interne.

Paper presenter: Ahmed Mewloud Ould Eida, Centre d'Etudes et de Recherches sur l'Ouest saharien, « Les Ahl Barikallah et la maîtrise des points d’eau littoraux : enseignements du Kitâb el-Oumrane »
L’histoire du contrôle des points d’eau potable de la côte constitue sans doute la principale clé de compréhension des mouvements de peuplement de cette région, marquée par un environnement de type saharien. Certaines tribus maures du littoral, tribus « religieuses », ont largement basé leur appropriation de l’espace côtier sur des stratégies de creusement et de contrôle de points d’eau. A ce titre, un examen de la littérature détenue par ces tribus aujourd’hui constitue une source d’information précieuse. Ainsi, le Kitâb el-Oumrane, rédigé par Mohamed Abdallahi Ould El Boukhari, un lettré de la tribu des Ahl Barikallah, au XIXème siècle, est-il riche d’enseignements quant à la mainmise progressive de cette tribu sur le Golfe d’Arguin et son arrière-pays.

Paper presenter: Francisco Freire, Universidade Nova de Lisboa (FCSH-UNL), « Histoire du Sahara atlantique et mémoire tribale : les Bidhân mauritaniens et leurs lectures des premiers contacts avec les Européens »
Contrairement à l’idée reçue, la mémoire des premiers contacts avec les Européens s’est maintenue dans différents groupes tribaux bidhân du sud-ouest de l’actuelle Mauritanie.
L’« archéologie » de cette mémoire et de ses expressions actuelles révèle deux points essentiels : une importance effective et durable de l’influence européenne sur cette côte dans les traditions locales et, plus significativement encore, une relecture locale de ces rencontres, par le biais notamment d’une tradition orale très riche qui réorganise cette mémoire à travers le prisme de l’histoire de la tribu. De la représentation des navigateurs-marchands ibériques du XVème siècle au début du commerce de la gomme arabique, la mémoire bidhân a construit d’importants récits, reliant clairement l’Europe, le Sahara atlantique et l’histoire de la tribu, récits dont nous proposons l’examen.