World Congress for Middle Eastern Studies

Barcelona, July 19th - 24th 2010

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Reconfigurations territoriales de villes du bassin méditerranéen (443) - NOT_DEFINED activity_field_Panel
 

· NOT_DEFINED date: FRI 23, 11.30 am-1.30 pm

· NOT_DEFINED institution: Université de Tours (France)

· NOT_DEFINED organizer: Nora Semmoud

· NOT_DEFINED language: Français

· NOT_DEFINED description: La réflexion s’appuie sur l’idée qu’après la ville industrielle et la ville de l’après-guerre, deux temps forts de la transformation urbaine (Roncayolo, 1985), on assiste aujourd’hui au troisième temps fort de la transformation urbaine. Tous trois portés par l’expansion de l’économie et la mondialisation. Nous proposons d’étudier les reconfigurations territoriales et notamment les transformations de la ville à partir de lieux qui sont désignés et représentés comme des marges socio-spatiales, parce que nous considérons que l’adaptation de la ville aux besoins actuels, notamment de l’économie, redessine des lignes de fracture socio-spatiale en agissant dans les marges urbaines et en créant de nouvelles marges. Elles constituent ainsi un espace potentiel (« des réserves foncières ») au développement urbain qui finit tôt ou tard par les absorber, en définissant d’autres marges. Ainsi, tout en se plaçant dans la perspective de préciser les significations actuelles des marges urbaines, le travail part de l’idée a priori qu’elles sont des lieux mis à l’écart par les représentations, des lieux qui peuvent correspondre, par ailleurs, à des situations plus ou moins importantes d’intégration ou d’exclusion. Les articulations entre marge sociale et marge spatiale envisagées dans la réflexion ne signifient pas, pour autant, que ce qui est désigné comme marges par les institutions ou représenté, en tant que tel, par les autres populations, abritent uniquement des pauvres (cette notion étant elle-même toute relative) et des marginaux déviants et sont localisées loin des polarités et des services urbains. Les marges urbaines, considérées ici comme révélatrices du fonctionnement sociétal et politique plus général, ont du sens par rapport à la capacité intégratrice et/ou exclusive de la ville.
Les questions qui structureront le débat sont les suivantes : les marges sont-elles des lieux pertinents pour la compréhension des processus économiques, sociaux et spatiaux induits par la mondialisation sur les villes ? Les marges constituent-elles un biais pour analyser les politiques publiques (patrimonialisation, embellissement, grand projet, etc.) sur la ville et leurs rapports aux intérêts des acteurs économiques ? Comment ces politiques participent à la construction des représentations qui désignent les marges ? Face à ces politiques, quelles sont alors les stratégies des populations qui vivent dans les marges et comment les « repositionnent-elles » dans la ville ? La réflexion se construit en opposition à l’idée que les marges urbaines sont les terriroires de l’anomie sociale pour analyser les pratiques et les représentations des populations qui y vivent et y travaillent et leurs rapports aux autres territoires. Il s’agira de mettre en évidence l’inventivité sociale de ces territoires (Agier, 1999), leurs ressources, les sociabilités qui s’y déploient et comment ces facteurs jouent dans les rapports avec les autres espaces urbains.
Il s’agit en particulier d’étudier, à partir des marges urbaines, les configurations et les reconfigurations territoriales de villes du pourtour méditerranéen à l’ère de la mondialisation et sous l’effet des inégalités dans les rapports nord-sud. L’inscription de la réflexion dans cette aire géographique vise à décloisonner les recherches sur le Nord et sur le Sud et à travailler simultanément sur une conceptualisation qui recouvre autant la convergence que la diversité des processus observés. Dans ce travail, où l’approche comparatiste est centrale, la Méditerranée est envisagée comme un cadre d'étude où se joue l'interface entre le Nord et le Sud dans une proximité particulière. Deux facteurs justifient particulièrement les relations entre l’aire d’étude de la Méditerrannée et la question des marges urbaines. Le premier est le tourisme qui reconquiert l’espace urbain, notamment dans les marges, soutenu par un marketing construit sur la mythologie de Mare Nostrum. Le second concerne les flux migratoires du Sud vers le Nord de la Méditérrannée qui viennent gonfler les marges urbaines des villes européennes du Sud.

Président: Nora Semmoud, Université de Tours (France)

Modératrice: Anna Madoeuf , Maître de conférences, Université de Tours, Emam-Citeres, La vieille ville du Caire et son beau jardin
Si, jusque dans les années 1970, la ville ancienne du Caire pouvait incarner le « fond de la ville », déprécié et relégué, il n’en est plus de même actuellement. D’archaïque, Le Caire ancien est devenu historique : de la marge au cœur de la cité, sa position hiérarchique dans la géographie de la capitale en est le reflet. Ces deux images illustrent les reformulations d’un même espace qui se sont opérées au cours des quatre dernières décennies. En témoigne notamment une réalisation phare de ce début de XXIe siècle, l’aménagement ex-nihilo, aux confins de la ville, du prestigieux parc al-Azhar, conçu comme une « plate-forme panoramique » sur le patrimoine des quartiers anciens. Cette réalisation, qui met en scène des références combinées empruntant aux registres égyptien et islamique ainsi qu’au langage architectural et urbanistique mondial, traduit une des reconfigurations de la géographie de la capitale.

Présentateur: Rosa Tello Robina, Professeure de géographie à l’Université de Barcelone, Les contre-espaces de Barcelone
La contribution met l’accent sur le rôle économique des marges socio-spatiales, en tant qu’espaces de réserve pour le développement du système social-économique urbain, dans l’actuelle crise globalisée. Partant du fait que les flux de population immigrée provenant des pays du Sud ont intensément augmenté depuis 2000 dans l’aire métropolitaine de Barcelone, nous considérons que ces populations sont à l’origine d’une activité économique inscrite dans les micro-flux économiques globaux qui soutiennent aujourd’hui de nombreux ménages de milieu populaire. Ces micro-flux globaux agissent alors comme une sorte « d’amortisseur » de la crise économique et sociale urbaines. Au centre historique barcelonais la proportion de population récemment immigrée est passée de 4.5% en 2000 à 18% actuellement. La plupart de cette population a des ressources économiques très précaires, des réseaux sociaux locaux très faibles et la diversité des cultures et des langues apparaissent comme des obstacles à l’intégration urbaine. Le même phénomène est présent dans les villes industrielles de l’aire métropolitaine de Barcelone, notamment celles voisines Hospitalet del Llobregat, Santa Coloma de Gramanet, Badalona, El Prat del Llobregat. Le développement de l’économie formelle et informelle à travers des petits commerces et des activités précaires constitue la seule possibilité de survivre pour la plupart de la population immigrée, notamment pour les femmes immigrées. Ces activités ne peuvent se développées que lorsqu’il y a une masse critique de population immigrée dans l’espace proche du quartier. Il s’aira de montrer comment ces marges socio-spatiales agissent dans les villes comme des contre-espaces des espaces urbains normalisées qui ne peuvent exister sans leurs contre-espaces.

Présentateur: Maurizio Memoli, Professeur de géographie à l’Université de Cagliari, La reconquête du quartier Sant’Elia à Cagliari
La ville de Cagliari, après deux longues décennies de crise, fait émerger une volonté d’affirmation de son identité locale en investissant ses anciennes prérogatives et en se repositionnant au niveau international, notamment, par le tourisme. Ainsi, des morceaux composites et résiduels de la ville, non encore « acquis » aux logiques du capital/politique, font l’objet d’un nouvel intérêt – de discours de rentabilité – qui se manifeste par le lancement d’opérations d’envergure dans des fragments urbains, dès lors globalisés. La communication se propose d’analyser la mise en œuvre de cette orientation politique, à travers les actions publiques urbaines initiées dans le quartier populaire de Sant’Elia à l’est du centre. Ce dernier fait l’objet d’une transformation en pôle touristique de loisirs et culturel, à partir d’opérations « phare » de reconquête, sensées lui donner une image internationale et « méditerranéenne », notamment par l’implantation du Musée Régional de l’Art nuragique et contemporaine de la Méditerranée et par des projets d’architecture et d’urbanisme mobilisant des maîtres d’œuvre internationaux et des « archi-stars ». Il s’agira en particulier d’analyser les relations de pouvoir, les acteurs impliqués dans les processus de négociation, les rapports de force et les hiérarchies entre acteurs et les zones sombres de la rhétorique du consensus, pour dévoiler les véritables enjeux et intérêts de ces opérations. Il s’agira également d’examiner comment la population de Sant’Elia réagit à ces différentes actions et comment elle organise ses « résistances ».

Présentateur: Bénédicte Florin, Maître de conférences, Université de Tours, Emam-Citeres, Les classes moyennes urbaines dans le Monde Arabe : des catégories marginales ou émergentes?
Il s’agira ici de porter l’attention sur les stratégies résidentielles, les formes d’habitat et les modes d’habiter des catégories intermédiaires – « ni vraiment riches, ni vraiment pauvres » - qui constituent rarement un objet de recherche à part entière dans les analyses sur les villes du monde arabe. Ces catégories intermédiaires, composent une classe moyenne hétérogène et floue en termes d’activités professionnelles et de statuts, mais dont l’unité se situe dans des modes de consommation proches, des espaces de prédilection communs (par ex. les loisirs) et des aspirations résidentielles qui se rejoignent dans les nouveaux types de quartiers périphériques. Historiquement, ces catégories intermédiaires sont restées relativement invisibilisées, discrètes, voire marginales et non reconnues comme catégorie sociale à part entière dans les politiques urbaines. Pour autant, depuis une quinzaine d'années, elles sont clairement une « cible marketing » pour les promoteurs immobiliers comme le montre la diffusion du modèle de la résidence individuelle dans le quartier fermé dont elles sont destinataires. Nous nous intéresserons aux dimensions idéelles et idéologiques véhiculées par ces nouvelles formes d'habitat et d'habiter, mais aussi aux nouvelles pratiques et représentations de, et dans, la ville qu’induisent les stratégies résidentielles de ces classes moyennes. Enfin, nous voudrions nous interroger plus largement sur la place dans la ville et le rôle, au sein de la société urbaine, de ces catégories émergente : quels sont les effets urbains de la dynamique entrepreunariale impulsée par ces catégories ? Dans quelle mesure les nouvelles aspirations, les nouveaux types de consommation ainsi que les nouveaux modes d'être dans la ville se diffusent-ils dans la société urbaine ?

Présentateur: Maud Moussi, Doctorante, Université de Tours, Emam-Citeres, Nouvelles scènes patrimoniales au sud du Liban: revalorisations symboliques et recompositions territoriales contemporaines. Saïda, Tyr, Bint Jbeil
Au Sud du Liban, les espaces historiques sont des lieux d’objectivation des logiques politiques, hautement transitives, à l’œuvre dans un territoire resté en marge de la construction politique et symbolique de la nation libanaise: un précipité des crises libanaises.
Les infinies séquences de déconstruction-reconstructions qui scandent l'histoire de ces lieux constituent autant d’épisodes à analyser en tant que reconfigurations territoriales. Les espaces monumentaux archéologiques, vieilles villes ou nouvelles ruines issues de la guerre sont réaccomodés à la faveur d'exaltation de valeurs du passé (ou de leur répudiation). Nous voulons analyser ce qui advient de ces espaces retravaillés par ces « mythes actifs », investir les inventions territoriales imputables à cette « idolâtrie patrimoniale » (Dominique Poulot) : conservation, destructions, revalorisations...

Présentateur: Hossam Adly, Doctorant, Laboratoire de sociologie urbaine (LaSUR) – École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), Réseaux, images, mobilités: vers une reconfiguration d'un quartier de la ville ancienne du Caire en cours de patrimonialisation
Notre communication vise à interroger la manière dont le développement du tourisme culturel induit une reconfiguration de la mobilité, ainsi que des représentations sociales et territoriales dans un quartier de la ville ancienne du Caire en cours de patrimonialisation. Comment la requalification du quartier de Darb al-Ahmar, caractérisée par d’importantes mutations en termes de représentations de l’espace, de rapports aux territoires, de mobilité et de réseaux sociaux, redéfinit-elle le rôle de ce quartier dans la ville ancienne du Caire? Quelles tensions naissent de la patrimonialisation du quartier de Darb al-Ahmar et quels effets cette dernière détient-elle sur la pratique de l'urbain par les habitants?